Souvenir d'un héros de guerre

Je rencontrai le sergent Gustave Malouin lors d'un reportage photo pour l'agence Sipa Press de New York en 2006. L'ancien combattant de la 2e Guerre Mondiale, né en 1924 , a mené ses hommes le débarquement de Normandie avec le Régiment de la Chaudière, il y a 80 ans aujourd'hui.

6 juin 1944. Débarquement de Normandie, plage Juno. Rappelez-vous le début du film “Saving Private Ryan”. Les balles allemandes sifflent partout autour des soldats alliés. Plusieurs sont transpercés comme de vulgaires tas de viande. Les soldats étaient là, résultat d’une grande stratégie des hauts gradés alliés. Ils n’avaient pas le choix. Parmi ces hommes, le sergent Malouin était prêt.

«Je n’avais pas peur parce que j’étais jeune» dira-t-il. «Je savais que je devais aller me battre avec l'ennemi et j'avais été entrainé pour ça. Je n’y pensais pas du tout. On a débarqué au petit matin. Comme sergent-instructeur, j’étais en charge d’une compagnie d’une centaine d’hommes. On avait de l’eau jusqu’à la ceinture. J’ai dit à mes hommes de tenir leur carabine au-dessus de leur tête pour éviter qu’elle prenne l’eau. Je les avais formés pour le combat alors que les Allemands nous attendaient et tiraient partout.»

Lors de ce matin du 6 juin 1944, il reçut deux projectiles dans le genou droit. Comme les balles étaient ressorties, il arrêta le sang en faisant un bandage et un tourniquet avec sa baïonnette, désinfecta les plaies avec de l’iode et continua le combat. Quelques jours plus tard. Il fut brulé aux jambes, aux mains et à la figure, par le lance-flammes d'un soldat allemand. Il est tombé à l'eau et il s'est roulé dans la boue, ce qui l'aida à récupérer, pensa-t-il. Un mois plus tard, il reprit le chemin de l'Allemagne à la tête de son peloton.

Le sergent Malouin reçut de nombreuses médailles, du Canada, de l'OTAN, ainsi que la Croix du Combattant de l'Europe.

À la fin de sa vie, je le croisais souvent au centre-ville de Joliette, principalement au café bistro Van Houtte où il aimait aller pour lire le journal. Il s'éteignit le 13 mars 2012, à l'âge de 87 ans.

Le sergent Gustave Malouin - régiment de la Chaudière lors du jour du souvenir 2006 et en 2009 lisant son journal au café du centre-ville.


Vous avez aimé cet article?

📬 Recevez mes prochains textes inédits
Rejoignez plus de 600 lecteurs. Récits de terrain, photographies et réflexions sur l'humanité, le territoire et le vivant directement dans votre boîte courriel, chaque mois.

* obligatoire

Autres façons de me soutenir :

Offrez-moi un café (3$) Un geste simple pour soutenir mon travail indépendant.

💬 Échangeons! Commentaires et discussions sur le billet relié à cet article dans la section «Publications» de mon microblogue « Autour du feu ».


À propos de ma démarche

Explorer. Comprendre. Raconter.
Mon travail allie journalisme narratif, photographie documentaire et immersion prolongée sur le terrain.

🔗 En savoir plus sur ma démarche :
Photographie documentaire et collaborative | Journalisme narratif et écriture | Mes projets