Notre quartier général - le wannigan
«Nous décidons d’installer le campement sur une pointe rocheuse qui s’avance sur le lac. Pendant qu’Yves monte la tente sous le couvert forestier et l’aménage avec le matériel pour la nuit, ma première tâche est de fixer la bâche qui deviendra notre aire de vie. Une fois celle-ci bien en place, j’y installe notre wannigan au centre, devant le foyer de cuisson. De chaque côté, je dispose nos chaises, ouvre le coffre et en sors la bouilloire, le thé, les casseroles et nos tasses, que je pose sur le couvercle servant de table.
Nous voilà confortablement installés pour la nuit ou les prochains jours. Il ne nous reste plus qu’à récolter du bois mort, le débiter pour allumer le feu et préparer notre thé. Rapidement, la bouilloire est suspendue au-dessus des flammes, et l’eau frémit. Assis de part et d’autre du wannigan, nos tasses fumantes en main, nous savourons ce moment de grâce alors que le soleil descend lentement vers l’horizon, derrière la lisière d’arbres de la rive opposée.»
- Extrait de mon journal de voyage
Retour aux sources : Réflexions sur l’équipement traditionnel
Avec le temps, j’ai délaissé les équipements modernes pour revenir aux matériels de l’époque classique des voyages en canot, soit la première moitié du XXe siècle. En étudiant les techniques et usages de nos prédécesseurs, j’ai découvert que ces équipements sont non seulement tout aussi fonctionnels, mais souvent mieux adaptés à la vie en forêt. Plus robustes et esthétiquement supérieurs, ils offrent une alternative durable aux produits contemporains.
Mon canot en cèdre et toile, accompagné de mes avirons en bois, témoigne de cette évolution. Nos équipements sont transportés dans des sacs en toile cirée, une solution pratique et résistante.
Lors de notre voyage de trois semaines à Quetico l’été dernier, nous avons ajouté un élément clé à notre matériel : le wannigan. Cette boîte en bois est rapidement devenue le centre névralgique de notre campement. Elle contenait une partie de notre nourriture, ainsi que nos ustensiles et équipements de cuisine.
Depuis plus de 200 ans, le wannigan fait partie intégrante des voyages en canot. Son usage remonte aux explorateurs audacieux de la Compagnie du Nord-Ouest et de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Pour ces voyageurs, il constituait un dispositif de stockage pratique, transporté sur des centaines de kilomètres à travers la forêt boréale. On y rangeait des objets indispensables aux campements : casseroles, poêles, lampes à huile, jeux, allumettes et bien plus encore.
L’origine du terme "wannigan" provient vraisemblablement du mot ojibwa "waanikan", signifiant "fosse de stockage", dérivé du verbe "waanikkee" (creuser un trou dans le sol). Des citations remontant aux années 1800 et figurant dans l’Oxford English Dictionary attestent de son usage courant, notamment dans le Maine.
Dans cette vidéo, je vous présente plus en détail le wannigan : son histoire, ses méthodes de transport et pourquoi il reste un élément incontournable pour tout voyageur en territoire sauvage.
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Note sur la démarche
Ce récit s’inscrit dans une approche d’écrivain-reporter visuel, alliant rigueur journalistique, écriture immersive et photographie documentaire. Chaque image, chaque texte, est né d’une expérience vécue, où j’étais non seulement témoin, mais aussi partie prenante de l’histoire.
Explorer. Comprendre. Raconter. — Ce mantra guide ma pratique depuis toujours.
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Photographie documentaire et collaborative | Journalisme narratif et écriture