Le voyage de John Pritchard et d'autres histoires

À l’automne 1814, John Pritchard, un ancien employé de la compagnie du Nord-Ouest et alors à l’emploi de la compagnie de la baie d’Hudson, était à Montréal. Alors qu’il s’apprêtait à partir pour Londres, la compagnie lui a demandé d’aller avertir les colons de la rivière Rouge d’une attaque de la compagnie rivale à venir.

Il n’y a pas de compte-rendu de ce voyage mais des historiens ont recoupé des récits et les documents des postes de traite de la CBH (compagnie de la baie d’Hudson) par lesquels il est passé.

Il a décidé de partir, avec 4 autres voyageurs, par une route du Nord pour ne pas être repéré par leur adversaire. Ils ont quitté Montréal le 11 octobre 1814. On peut imaginer les difficultés d’avoir entrepris ce voyage aussi tard à l’automne. Remonter le courant de la rivière des Outaouais leur a imposer de portager les nombreux rapides et pendant les mois les plus venteux de l’année. Le lac Témiscamingue, un corridor dans l’axe du vent, de 100 miles a dû être un obstacle important. De là, ils ont bifurqué vers le Nord et franchit la ligne de partage des eaux, un autre défi d’orientation, pour rejoindre la rivière Abitibi. C’est là que l’hiver les a empêchés de continuer en canot. Ils ont fait un campement de transition et se sont préparés à continuer en toboggan, vers la baie James et la baie d’Hudson.

Le peintre Franklin Arbuckle a imaginé une scène de ce campement qui a illustré un calendrier de la CBH, dans les années 1950.

On peut y voir Pritchard fabriquer un toboggan à l’aide de son couteau croche devant un canot retourner sur support de bois. Des structures de raquette en construction sont à leurs pieds. Un wigwam d’où s’échappe de la fumée et des voyageurs affairés à couper du bois, surveiller une marmite et revenir de la pêche, sont visibles en arrière-plan.

Une fois prêts, ils se sont remis en route pour atteindre Moose Factory le 26 décembre, puis ils ont longé la baie James et la baie d’Hudson, exposée aux vents du Nord et offrant peu de protection aux voyageurs. Une fois à York Factory, ils sont trois à remonter la rivière Hayes jusqu’à Norway House, au Nord du lac Winnipeg. Ils sont finalement arrivés à la colonie de Rivière Rouge, maintenant Winnipeg, le 16 avril 1815. Ils ont donc franchi 2000 miles. En tenant compte des 25 jours d’arrêt dans les postes de traite, ils ont parcouru une moyenne de 12.5 miles par jour, en canot et en raquettes, tout en traversant un territoire sauvage et en chassant pour suppléer à leurs réserves de farine, sucre et thé.

Malgré l’atteinte de leur objectif, la colonie de la Rivière Rouge à quand même subit les attaques des “Nor’westers”, provoquant le départ de plusieurs des colons.

J’ai retrouvé cette histoire dans le livre “Canoe Trails & Shop Tales” de Hugh Stewart, l’artisan à l’origine de Headwaters Canoe, le constructeur de mon canot. C’est un bel exemple de ce qu’est un vrai voyage des forêts du Nord.

Un voyage des forêts du Nord implique un éventail de connaissances pour progresser sur une variété de terrains en toutes saisons. 

Le livre de Hugh Stewart est un recueil de récits, souvenirs et réflexions sur les voyages en forêts sauvages.

L'un des chapitres est "The Little Sticks", un récit d'une traversée de dix semaines des Barrenlands en 1980. Plus qu'un récit de voyage, l'histoire met en contraste l'expérience de l'auteur avec celles des voyageurs précédents, dont P.G. Downes (auteur de Sleeping Island, un classique du voyage en canot) et J.B. Tyrrell de la Commission géologique du Canada, et explore les défis psychologiques des expéditions en canot. Le même examen des difficultés et des récompenses se retrouve dans les entrées du journal de Stewart lors d'une expédition de 1984 au Labrador et au Québec, reproduites dans un autre chapitre.

Les mémoires de Stewart témoignent d'une vie riche et aux multiples facettes. Après avoir étudié l'anglais à Sussex, au Royaume-Uni, Stewart est revenu au Canada pour poursuivre un doctorat au Nouveau-Brunswick. Cependant, sa fascination pour les canots a perturbé ses études. Stewart s'est mis à fréquenter le siège de la vénérable Chestnut Canoe Company, apprenant les ficelles du métier de constructeur de canots en bois et en toile. Au lieu d'un doctorat, Stewart a quitté le Nouveau-Brunswick avec plusieurs formes de construction classiques de la Chestnut, acquises lorsque l'entreprise a fait faillite en 1979.

Stewart aime souligner à quel point le voyage en canot implique une stimulation physique, intellectuelle et émotionnelle - un thème qui revient dans chaque chapitre. Stewart insiste sur le fait que l'activité ne se limite pas à prendre une pagaie ou descendre une rivière. Dans cette optique, lire «Canoe Trails and Shop Tales» revient à s'asseoir autour d'un feu de camp avec l'auteur lui-même, à parler de ses voyages passés et présents - et à rêver de ceux à venir.

Voici la présentation du livre sur l’intérieur de couverture:

Les personnages mémorables sont partout dans ces histoires.

Il y a l'inimitable Russ, qui était le directeur des excursions au Camp Temagami lorsque Hugh était un jeune homme apprenant à devenir guide, la merveilleuse famille Bell à qui Hugh et ses collègues achètent du cèdre et du frêne pour leurs canots, et Willie Williams, l'inspirant aîné Tahltan du nord de la Colombie-Britannique.

"Cultural Custodians" présente les nombreux amis qui ont aidé Hugh à préserver à la fois les techniques de construction des canots en bois entoilé et la pratique des techniques de voyage traditionnelles.

Dans deux essais, l'auteur jette un regard historique sur les canoistes et les voyageurs en milieu sauvage du passé.

Il y a des articles qui suscitent la réflexion sur la préservation de la nature sauvage et les questions de gestion forestière, ainsi que des comptes rendus détaillés de deux voyages très éloignés effectués par Hugh, l'un au Labrador et au Québec sur la rivière Petit Mécatina, et l'autre sur les Barrens dans les Territoires du Nord-Ouest.

Un bijou de livre à lire.

A propos de l'auteur

Maintenant guide émérite au Camp Temagami, Hugh Stewart a fait fait partie de la culture du canot du lac Temagami depuis 1959. Il a passé des décennies d'étés et treize hivers à Temagami et a également beaucoup pagayé dans diverses régions du nord du Canada.

Peu de fabricants de canots possèdent une expérience sur le terrain. Sensibilisé depuis son l'enfance au passé nordique, Hugh s'est consacré à honorer son symbole emblématique, le canot, en suivant les traces d'hommes morts depuis longtemps, en enseignant à des centaines de personnes les techniques du voyage par canot et en gardant vivant l'art de construire des embarcations solides, pratiques et d'une grande beauté. Il est un exemple canadien.

Headwaters Canoe, maintenant géré avec compétence par Kate Prince et

Jamie Bartle, continue fièrement à construire de beaux canots d’expédition en bois et en toile.

Hugh et sa partenaire Cathie Campbell vivent à Wakefield, au Québec.

Le livre est disponible auprès de l'éditeur Patrick McGahern, une maison d'édition à Ottawa se spécialisant dans la vente de livres anciens et la réédition de récits et journaux d'expédition historiques. 

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