Canoeing with the Cree

Nombre d’écrivains anglophones ont, depuis le philosophe naturaliste Henry David Thoreau, il y a 175 ans, célébré la nature sauvage et la naturalité du territoire. Une frange de ces sociétés a, depuis, cultivé une relation d’honneur avec la nature sauvage. On le constate par la vitalité d’un courant littéraire distinctif ; le « nature writing ». Ce courant a permis à des artistes, intellectuels, scientifiques et décideurs issus de professions libérales, de se construire et de se projeter sur la base d’une activité contemplative, mystique et spirituelle dans l’arrière-pays. Cela a donné naissance aux grands mouvements de conservation qui sont arrivés ici que beaucoup plus tard. La littérature de la nature québécoise, quant à elle, s’était limitée au monde rural et à l’évocation d’une relation utilitaire de la forêt (les bûcherons de Félix Leclerc et de Félix Antoine-Savard). Il y eut les écrits, tout d’abord en anglais (1953) puis en français (1973-75), de Paul Provencher qui a influencé de jeunes lecteurs des années 70, mais la poésie de contemplation, d’occupation du territoire pour le plaisir et une relation harmonieuse avec la nature sauvage, la conservation et la place de l’humain dans cette nature ont intégré la littérature québécoise que tout récemment avec Jean Désy, Louis Hamelin et Marc Seguin. Fait à noter, si Provencher a influencé le développement du plein air d’aventure, c’est quand même par son travail d’ingénieur forestier pragmatique qu’il a été exposé à la vie en forêt.

Croyant fortement que la littérature est à la base d’une culture, je présenterai dans une série d'articles, des livres qui sauront peut-être en inspirer quelques-uns.

Voici ma première suggestion de lecture:

Canoeing with the Cree

«Ralph nous a invités à voyager avec lui et ses " sauvages " jusqu'à sa destination. "Avec ce petit canot", a-t-il dit, "vous devriez pouvoir nous suivre très facilement."

Fous de joie, nous avons tout jeté dans notre canot et nous nous sommes élancés, pour suivre le grand bateau et ses occupants. C'était une expérience magnifique de vivre avec les Cris et ce coureur des bois expérimenté, mais cela nous a presque brisé le dos de les suivre. Nous pagayions aussi vite qu'eux, car ils avaient trois cents livres de farine avec eux, en plus de leurs équipements habituels et de tous les biens matériels de Ralph, mais oh, ces portages ! »

Après avoir obtenu leur diplôme de l’école secondaire de Minneapolis, deux adolescents ont entrepris un voyage qui les a menés de la rivière Minnesota à la rivière Rouge du Nord et au lac Winnipeg. Ils ont pagayé le long de la rive est du lac Winnipeg jusqu’à Norway House, puis à travers cinq cents miles de nature sauvage jusqu’à York Factory, le centre historique du commerce des fourrures de la baie d’Hudson. Ils ont réussi à devenir les premiers Américains enregistrés à terminer le parcours, qui était long de plus de 2 250 milles et qui a nécessité un été entier. Bien qu’aidés au départ par les commodités offertes par les villes et les établissements situés le long des rives, leur itinéraire est devenu progressivement plus sauvage et plus difficile. Au cours de la dernière étape du voyage, alors qu’ils se trouvaient mal équipés pour supporter le climat, la rareté de la nourriture et les dangers imprévus, ils dépendaient fortement de l’aide des commerçants et des Cris, dont Sevareid, l’auteur, se montre parfois peu flatteur, reflétant l'attitude des Blancs envers les Autochtones dans les années 30. (à lire avec ouverture sur les mœurs de l’époque et en n’oubliant pas que l'auteur était un adolescent).

Le livre met l’accent sur l’aventure et l’expérience personnelle plutôt que sur la description de la nature ou l’information ethnographique. Sevareid lui-même considérait son voyage comme un rite de passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Paru en 1935, ce livre a inspiré plusieurs générations de jeune épris d’aventure et de grands espaces. Il est devenu un classique littéraire de la culture du « canoe tripping » et des aventures en territoire sauvage, tel qu’on la retrouve dans le Canada anglais et au Minnesota.

Comme la très grande majorité des grands classiques de cette culture, où la quête d’une relation avec le territoire naturel est mise de l'avant, le livre n’a malheureusement jamais été traduit en français. Fait intéressant, l’auteur est devenu par la suite, un célèbre correspondant de guerre et journaliste de la télévision américaine, remportant plusieurs Emmy Awards.

«Notre canot faisait 18 pieds de long, un modèle de croisière de fabrication américaine, avec une large largeur et une petite quille. Certains canoéistes s'opposent à l'utilisation d'une quille, mais plus tard, nous avons été reconnaissants d'en avoir une. Nous l'avons baptisé le "Sans Souçi »

Tout au long du récit, l’auteur raconte comment ils étaient inexpérimentés et comment plusieurs pièces d’équipement n’étaient pas adapté à leur expédition.

Il est amusant de consulter la liste d’équipement avec lesquels ils sont partis:

  • Canot de 18 pieds
  • 3 pagaies de cinq pieds à pointe en cuivre<br>
  • 2 éponges<br>
  • sac à dos avec la nourriture dans de petits sacs en toile.<br>
  • sac à dos pour les vêtements et articles personnels.<br>
  • Quatre couvertures en laine enroulées dans deux ponchos en caoutchouc.<br>
  • Un sac en toile contenant des ustensiles de cuisine.<br>
  • une tente militaire.<br>
  • Une carabine de calibre 22, à un coup.<br>
  • un couteau de poche tout usage<br>
  • couteau de chasse<br>
  • hachette<br>
  • Pierre à aiguiser&nbsp;<br>
  • bouteille d'huile<br>
  • bouteille de lotion anti-moustique<br>
  • moustiquaire<br>
  • journal personnel<br>
  • boîte d'allumettes étanche<br>
  • poche à eau d'un gallon&nbsp;
  • Un seau en fer blanc<br>
  • Canne à pêche et moulinet<br>
  • Cordes<br>
  • Articles de toilette personnels<br>
  • Une trousse de premiers soins<br>
  • Chèque de voyage, 5$ en espèces ( !!!!)<br>
  • Appareil photo et films<br>
  • Cartes et boussole militaire<br>
  • Grille de cuisson<br>
  • Bidon de goudron pour réparer le canot<br>
  • bottes
  • chaussettes en laine<br>
  • shorts et pantalons longs<br>
  • chemise en laine, chemise en coton<br>
  • sous-vêtements en laine pour dormir<br>
  • gros chandail en laine (excellent comme oreiller)<br>
  • maillots de bain<br>
  • chapeaux en feutre<br>
  • poêle à frire<br>
  • 1 bouilloire et une casserole
  • 2 tasses en fer blanc<br>
  • 3 moules à tarte pour assiettes<br>
  • Cuillères à soupe<br>
  • Laine d'acier pour nettoyer les casseroles<br>

Nourriture :

  • un petit jambon
  • une tranche de bacon<br>
  • 1 lb de thé<br>
  • 2 lb de sucre<br>
  • une demi-livre de sel<br>
  • 10 lb de riz<br>
  • beurre de cacahuète<br>
  • 1&nbsp;lb de farine pour frire le poisson
  • 1 pain
  • 3 lb de raisins secs<br>
  • 3 lb de pruneaux<br>
  • pommes de terre<br>
  • plusieurs boîtes de haricots en conserve<br>
  • réserve de haricots non cuits<br>
  • Plusieurs conserves de soupes<br>
  • chocolat sucré

Ils se sont ravitaillé le long de leur parcours et ont adapté leur réserve de nourriture en fonction de leur expériences gagnées.

L’humour, l’innocence et l’esprit d’aventure sont à la base de ce livre, mais j’aurais aimé lire davantage d’informations ethnographiques sur les Cris qu’ils ont accompagnés. C’est néanmoins une lecture intéressante, parce que bien raconté et bien écrit. Mais pour ce qui est de la nature et la culture du voyage par canot, il y en a de bien meilleurs.

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